Twizel,
modeste village, sera mon camp de base pour aller observer le Mont
Cook. Il faut compter trois quart d'heure d'une route plane pour
rejoindre les abords du plus haut mont de Nouvelle Zélande. Durant
tout le trajet ensoleillé on profite de face du sommet enneigé de
l'attraction du jour. On longe en parallèle le lac Pukaki et son eau
turquoise. Sur place je ferai une petite randonnée de trois heures
aller-retour au cœur de la vallée pour me rapprocher au plus prés
de la montagne et de son mini-glacier qui meurt dans un lac à l'eau
grise claire. Sur le chemin du retour, je m'autorise un pause
baignade dans le lac Pukaki pour récupérer des efforts fournis sous
une belle chaleur. Je me délasse dans cette eau translucide et
j'observe de minuscules têtards se faufiler autour de mes pieds.
Le
lendemain je ne filerai pas directement vers Christchurch, je ferai
d'abord étape à Oamaru pour essayer de surprendre les manchots à
la tombée de la nuit. Après un repérage sur la carte et les bons
conseils de mon hôte du soir je choisi mon spot d'observation.
J'opte pour une corniche aménagée donnant sur une plage à l'écart
de la ville. Il y a déjà une petite dizaine de personnes quand
j'arrive sur les coup de 19h. Tout le monde à les yeux rivés sur la
plage déserte. On dirait un groupe d'américains s’apprêtant à
revivre le Débarquement. En guise de mise en bouche, on observe,
avec un regard légèrement moqueur, un lion de mer montrant toutes
les peines du monde à se mettre à l'eau. Puis finalement, une demi
heure plus tard, une petite créature d'une soixantaine de
centimètres s'est extirpé de l'océan et a cheminé en dodelinant
le long de la plage, le tout dans un silence magistral où seul le
bruit des vagues parvenait à nos oreilles. Le manchot solitaire nous
a gratifié d'un impressionnant cri aiguë puis est resté planté au
pieds de la falaise, dans l'attente de ses congénères et de la
nuit. Mais il n'y aura point d'autre surprise venue de la mer. Au fur
et à mesure que la nuit commençait à poindre, les gens quittaient
petit à petit les lieux. Je suis finalement le dernier à être
parti vers 21h30, laissant le manchot à sa solitude et à sa
tranquillité.
Mon
périple chez les kiwis s'achève à Christchurch, la plus grande
agglomération de l'île du Sud. La ville a été victime de
terribles tremblements de terre en 2010 et 2011 laissant 185 victimes
derrière eux. Plus de six ans après les stigmates sont encore là,
les terrains vagues sont nombreux dans le centre. Autant de
cicatrices en attente de nouveaux projets. La cathédrale éventrée
est soutenue par une imposante structure métallique. Mais la vie a
repris le dessus, la reconstruction est bien amorcée. Souvent
originale comme ce mini-centre commercial issu de l'imbrication de
plusieurs containers. La ville possède quelques atouts comme son
jardin botanique, son université de style victorien ou son musée
national. C'est sur ces dernières images que s'achève mon périple
néo zélandais. Un véritable dépaysement au sens propre. En
revanche, au niveau culturel, hormis pour les maoris, on reste dans
un univers très anglo-saxon dont je suis maintenant assez familier.
Prochaine
étape : l'Australie. Mon séjour sera court, mais je suis
curieux de voir quelles différences je pourrai observer. A peine
quatre heures de vol pour rejoindre Melbourne (avec deux heures de
décalage horaire). A
l'enregistrement, on m'annonce des frais de bagages pour 75€. C'est
tout le problème de prendre des billets d'avion via un site
comparateur, on n'est jamais vraiment sûr des suppléments, même en
y prêtant attention. Et quand le vol initialement opéré par Air
New Zeland est sous traité à Virgin Australia, alors là ça
devient impossible. Ma carte bancaire semble se rallier à ma cause
et refuse de fonctionner. On me fait changer de comptoir et on
recommence la manœuvre, mais en vain. Lassé le steward me rend la
carte et me lance avec le sourire « it's seem to be
your lucky day. Today it's free for you ».
A
chaque débarquement dans un nouveau pays, j'ai ma routine. Passage à
l'immigration. Récupération de mon sac à dos puis passage de la
douane. Je découvre la couleur des billets locaux au premier
distributeur sur mon chemin. Je me mets ensuite en quête d'un moyen
de transport pour regagner le centre-ville. Et c'est durant ce
trajet, en quittant généralement un aéroport aseptisé qu'on
rentre vraiment dans la nouvelle destination. Bon, pour l'Australie
et Melbourne on est pas dans le grand dépaysement. On est loin de
mes premières impressions à Cancun ou Asunción. Et nul doute
qu’Hanoï dans une semaine sera également autre chose.
Melbourne est agréable. Rien de fantastique toute fois, on reste
dans l'architecture typique d'une ville coloniale d'époque
victorienne. Grosse communauté asiatique présente, on voit de suite
les effets de la proximité géographique. Pour le cliché sur le
grand surfer blond on repassera. En dehors du centre ville, deux
quartiers ont attiré mon attention. Tout d'abord, Fitz Roy, le
quartier alternatif qui s'étale autour de deux grandes rues
commerçantes. Les différents bars et boutiques se logent dans une
enfilade de bâtiments à étage accolés les uns aux autres. Un faux
air de Camden Town. L'autre quartier c'est St Kilda ou plus
exactement Melbourne-plage. Petite ambiance balnéaire, longue plage
bondée et parc d'attraction désuet. Niveau timing, je me suis
manqué. J'y suis quinze jours après l'Open d'Australie et un mois
avant le grand prix de Formule 1. En revanche j'y suis pour le
Superbowl. Décalage horaire oblige, je regarde ça à 10h30 sur
écran géant dans un bar. Ambiance bières et croissant. Je regarde
cette saison NFL se finir. Celle que j'avais vu commencer dans un bar
à San Francisco et que j'ai même vécu le temps de deux matchs à
Green Bay.
Après
cet aperçu de l'Australie urbaine, place à l'Australie côté
nature. Le programme : quatre jours et un peu plus de mille
bornes pour rejoindre Adélaïde. La route longe la côte et offre
une panoplie incroyable de points de vue. Le moment phare étant
les douze apôtres, de grands
pitons rocheux isolés de la falaise par l'érosion sont fièrement
plantés dans l'océan. Je prend tout mon temps et
multiplie les arrêts. Je profite des longues plages pour mes pauses
repas. Je fais ensuite un détour dans les terres pour visiter le
parc national des Grampians, son Grand Canyon et ses vues
impressionnantes. L'endroit est réputé pour sa vie sauvage, mais je
ferai chou blanc. J'ai fait des efforts mais les koalas et
kangourous ne seront pas de la partie. Pourtant la signalétique
routière invitant à la prudence vis à vis d'une possible présence
marsupiale est bien là. En fait, j'en ai croisé un ou deux, mais
ils gisaient sur le bas côté du macadam, leur rencontre avec un
pare choc leur ayant ôté tout souffle de vie. Pas le type de rendez
vous que je souhaitai. Tant pis. Je passe de la région de Victoria à
celle de l'Australie Méridionale. Ce qui signifie encore un
changement d'heure. Mais celui-ci est assez original puisqu'il est
seulement d'une demi-heure. Sur la route je ferai un dernier arrêt
pour contempler le magnifique lac Bleu prés de Mount Gambier. Un
cratère rempli d'une eau d'un bleu saisissant. Depuis le début de
mon voyage, j'ai vu un paquet de lacs et de toutes les couleurs. Mais
ce bleu là reste fascinant.
Je
rends la voiture à Adélaïde et me voilà prêt à embarquer pour
un nouveau continent. Direction l'Asie et le Vietnam. Je suis
impatient de me frotter à une nouvelle culture. Le périple doit me
faire passer par Bali puis Bangkok avant de rejoindre Hanoi.
Compagnie différente à chaque fois, je vais donc devoir récupérer
mes bagages et passer l'immigration à chaque stop. Ça risque d'être
un peu sportif.
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